MISSIVE MAGIQUE
Souviens toi, tu m’as dit un jour, j’adore les fleurs, j’en ai plein mon balcon; c’était il y a bien longtemps.
Mais tu le sais bien, en ce qui te concerne, je n’oublie jamais rien. Alors, tout au long de l'année, j'ai fait pousser, sur mon écran, des arbustes d'un joli vert, des fleurs légères de toutes les couleurs. Et selon les saisons sont apparus des bouquets, fleurettes des champs, fleurs précieuses aux mains des jardiniers....
Comme je suis ordonnée, tu le sais bien, sur mon écran, je les ai classées afin de les retrouver facilement pour t'envoyer ces décors avec chacun de mes courriers.
J’ai voulu t’adresser, pour la Nouvelle Année, une missive magique. Comme tu me connais, après t'avoir écrit, t'avoir confié mes pensées les plus secrètes, selon l'humeur du jour, je me suis dit : Non ! Ce n’est pas assez beau pour la personne que j'aime.
Alors j'ai bousculé les caractères, les consonnes, les voyelles, j’ai formé de nouveaux mots, sur l’espace entre chaque mot, j'ai installé sur une terre virtuelle, les fleurs qui t'étaient destinées.
Je me suis reculée pour voir l’effet produit, j’ai vérifié l’orthographe, mais comme tu le sais depuis longtemps, un rien me bouleverse, je me suis aperçue qu’il manquait l’essentiel à ma missive magique. Quelle erreur ! J’allais oublier la musique !
Rapidement, j’ai déposé sur des portées des notes et des soupirs, et me suis mise à chanter, toutes les musiques que tu m’as enseignées....
♫ •♪♫ •♪♫ Beethoven
•♪♫ •♪♫♪♫ •♪♫ •♪♫ t •♪♫ •♪♫
♫ •♪♫ •♪♫ •♪♫ •♪♫♪♫ •♪♫ Mozart
•♪♫ •♪♫ •♪♫ •♪♫ •♪♫ •♪♫ Mahler •♪♫♪♫ •♪♫ •♪♫ Verdi •♪♫ •♪♫
♫ •♪♫ •♪♫ Aida
•♪♫ •♪♫♪♫ •♪♫ •♪♫ t •♪♫ •♪♫ Chopin
Enfin, ma lettre terminée, en guise de signature, j’ai indiqué :
Je t’aime, ne l’oublie jamais ; j’ai déposé un baiser aussi léger qu’une aile de papillon....
Puis j’ai inscrit ton nom, ton adresse, rubrique destinataire.
Tout à coup l’angoisse est revenue : et si l’adresse n’était pas correcte ? si la lettre ne te parvenait pas ? Tu le sais, je pêche toujours par excès, alors j’ai réfléchis, pour plus de sureté, j’ai ajouté une deuxième adresse à coté de ton nom, lettres invisibles, une adresse magique, une rue ou seuls résident des gens merveilleux comme toi.
Ouf, enfin, j’ai fini !
Mais patatras ! Mon courrier à peine expédié, j’ai pensé aussitôt :
« Pourvu que les fleurs n’arrivent pas fanées !».
Paris, le 18 décembre 2010
Danielle DARMON