AUX ARMES, ma FAMILLE !! AUX ARMES, mes AMIS !!
Il est de bon ton d’expliquer, de donner une définition pour que vous compreniez, pour que vous vous fassiez une idée du MAL.
La Dépression Bipolaire est une gueuse, une méchante, une infâme dont j’ai été la proie.
Je vous explique, j’ai besoin de vous, c’est urgent, ne vous défilez pas, je pense que vous pouvez m’aider à combattre cette calamité.
J’ai préparé le nécessaire, un grand sac rempli de couteaux, des aiguilles assez longues, des tenailles, des fourches ....
Je lui ai tendu un piège, organisé un Guet-Apens. Comprenez-moi, elle a jeté son dévolu sur moi, je lui ai plu, la salope!
Chacun de vous aura un rôle étudié ... selon ses aptitudes à faire du mal.
Donc, je reprends :
Mon but est que cette dépression soit anéantie, ne détruise plus jamais personne.
Comme je la connais bien, je sais qu’elle emprunte tous les lundis, le même chemin. Avec moi, elle ne se méfiera pas, l ‘horrible fille, j’irai à sa rencontre, je lui parlerai de tout et de rien.... Vous, cachés, à mon signal, je lèverai ce petit bâton derrière mon dos, alors vous interviendrez tel un commando.
Allons voyons, écoutez–moi, soyez attentifs :
- Toi qui es grande et musclée, l’honneur te revient pour donner le premier coup. D’un large revers de main tu la jettes sur le sol, de préférence sur le bord du trottoir et tu la menottes rapidement
- Toi, la Dentiste, arracher des dents tu sais faire, il ne s’agit pas d’une anesthésie, mais plutôt de te servir de ces grandes tenailles, tu dois arracher ses grosses dents de monstre en retirant des morceaux de gencives, ne t’occupe pas de ses hurlements, souviens-toi qu’elle est sans pitié quand elle frappe, elle enferme la personnalité des malades affaiblis pour les réduire à néant, pour les donner en pâture aux profiteurs sans scrupules ; Ne t’inquiète pas, nous serons tous à tes côtés pour intervenir si besoin est.
- Toi qui a toujours aimé la couture, je t’ai trouvé des aiguilles longues, longues, tu les enfonceras dans les yeux, elle perdra la vue, elle ne pourra plus repérer ses proies......
Voyez-vous ce qui est terrible avec cette scélérate, c’est qu’elle vous fait croire que vous êtes guéri : « tu as bonne mine aujourd’hui me disait-elle, inscrits toi à des Ateliers, fais de l’encadrement, c’est formidable, tu es douée, c’est très joli ...; et maintenant pourquoi pas de la Sculpture, chante pour faire plaisir à ton frère et voilà comment elle m’a fait tomber dans ses filets, puis reprendre un fol espoir, celui d’en finir avec le malheur.
J’ai fait tout ce qu’elle m’avait recommandé chaleureusement, j’ai eu du succès dans mes ateliers mais, inexorablement, la gueuse est revenue pour faire son travail de destruction....
Excusez-moi, je me reprends, quand elle ne sera plus qu’une loque, tous les coups seront permis, à coups de pieds, à l’aide de fourches, vous la ferez rouler jusqu’au bord de sa fosse, je l’ai faite creuser en lisière de bois, je serai au fond, je vous attendrai pour réceptionner le cadavre puant.
Oh ! La ! Là ! C’est l’heure, allons-y, vous avez bien compris ?.... Très bien. Les outils sont là, j’ai fait porter l’huile bouillante près de la fosse !!
La voilà, regardez-là, personne ne peut imaginer ce que contient cette horreur, c’est une malédiction !...... OUI ! ALLEZ-Y, BRAVO, frappez, là c’est bien, trop drôle, formidable, allez les amis, tapez sur vos casseroles, il faut faire beaucoup de bruit pour l’impressionner, FRAPPEZ, les dents, arrachez, frappez, crevez-lui les yeux, continuez, je cours près de la fosse... Je descends tout au fond, je vous attends.
Ne hurlez pas, jetez-là, BRAVO ! C’est du bon travail, elle n’en a plus pour très longtemps....
Mais alors, que fais-tu, remonte, on t’attend pour jeter l’huile bouillante...
Enfin, tu dors, on t’a installé une échelle, monte, on va t’aider, ne nous oblige pas à descendre....
Je vous en prie, taisez-vous, je ne peux pas, je ne veux pas la tuer, c’est impossible, impensable pour moi ; écoutez moi au lieu de crier, taisez-vous, je suis si lasse :
C’est par sa volonté farouche d’être odieuse, une perfidie agrippée à moi, dans le seul but de me faire souffrir, c’est au milieu de cette noirceur que, tranquillement, dans un halo de douceur, par le plus grand des hasards, j’ai rencontré un Etre peu ordinaire, je l’appellerai « Mon Ange ». Il est tantôt ici, tantôt là-bas, tout près de moi à dire ne t’inquiète pas, écoute mes conseils, tu verras des jours meilleurs changeront le cours de ta vie ...
Alors, prisonnière de mon malheur, Mon Ange, très rapidement, m’a sorti des ténèbres, m’a installé au soleil, administré ses remèdes magiques. Et le miracle a opéré.
Se peut-il que cette méchanceté immonde m’ait mené vers un si grand bonheur. Après avoir tellement souffert, reprendre goût à la vie, me retrouver à faire des projets merveilleux, des envies irrésistibles de remuer ciel et terre pour qu’il me regarde et me baigne de son sourire, avoir des trésors d’imagination pour disposer, sur du papier, des écrits délirants, du plus sage au plus fou.
Mes fleurs, du jardin magique, ont-elles trouvé grâce à tes yeux ? Ne respirer que par lui, ne voir que par ses yeux et enfin lui faire don de ma personne.
Pourquoi ma destinée a-t-elle été si cruelle ? J’ai perdu mon enfance, ma jeunesse, j’ai raté l’occasion de vivre ma vie de jeune adulte insouciante, entièrement tournée vers la joie que me procurait mes enfants ; faire de si jolies rencontres enrichissantes, moi qui aime tant les gens ! Mais toi mon Ange merveilleux, quand je t’ai rencontré, toi que je place si haut, tu m’as fait partager tant de moments d’émotion, tu as fais naître sur mes lèvres un vocabulaire nouveau, étrange et je me suis étonnée devant ces mots que je te disais ; la jolie poésie a servi d’échange entre nous, la tendresse, la musique qui nous console où nous exalte, les promenades en forêt, les bouquets de fleurs que nous avons cueilli en riant, nos rires confondus, emmêles comme les branches des arbres.
Vous comprenez, cet Ange particulier ne ressemble à personne, il me déroute, tantôt d’une douceur extrême, tantôt sévère me plongeant au bord du désespoir ; alors, j’attends sans espérance, son retour généreux. Que lui dire, j’ai si peur, je lui parle sur la pointe du cœur, lui semble avoir oublié et, à nouveau, ses paroles, comme un baume, sa voix unique soignent mon chagrin toujours présent, même dans les bons moments.
J’ai eu des instants très difficiles, seule au fond de mon lit, j’ai pleuré bien souvent habitée par la peur de mourir et puis souhaitant qu’elle arrive enfin. Une amélioration et mon caractère volontaire, sa main dans la mienne a fait en sorte que la cruauté s’est effacée et j’ai retrouvé la vie dans la proximité de la mort.
Aujourd’hui je peux dire, l’égoïsme, la bêtise, se sont acharnés à me détruire mais Mon Ange défenseur, jamais très loin, m’a protégé.
C’est pour cette raison ou plutôt pour ce grand bonheur si étonnant, au-delà du raisonnable, que je ne veux pas l’achever, elle est à l’origine d’une perfidie, d’une noirceur sans pareille, mais surtout, indépendamment de sa volonté, elle m’a permis d’accueillir cet Ange merveilleux.
Nous avons mené un combat sans merci, lui et moi, affaiblie, amputée d’une partie de ma vie, lorsqu’il s’éloignait de moi.
"Un membre en moins c’est dur, alors vous pensez, le cœur en mille morceaux...."
Aujourd’hui, je le sais, j’ai semé en lui quelques petites graines d’immortalité ; lorsque qu’il partira, où qu’il aille, obligatoirement, je le suivrai, parce qu’il est ce qu’il y a de plus beau dans ma vie, un cadeau que rien n’arrivera jamais à égaler.
Tu as réussi, Bel Ange, réjouis toi, mission accomplie, pardonne moi mes excès, mes débordements, mais tu m’as procuré tant de joie, si peu habituée à un tel éblouissement. Après un chemin si long, si douloureux pour arriver à cet instant de plénitude, et pouvoir te dire à ce jour, « J’ai presque tout compris enfin, je suis sur une piste de sable et de soleil » mais je ne peux encore ignorer la nausée si présente en moi. Peut être, un jour, forte de tes conseils, j’arriverai à devenir indifférente, à regarder ailleurs vers l’espoir, à laisser tomber la bêtise à mes pieds sans me retourner. Un bienfait pour toi, tu as tant œuvré pour ce résultat....
Aujourd’hui, je peux vous dire avec sérénité, c’est fini ! J’ai tourné une page particulièrement douloureuse, cette page qui a failli me détruire. Je l’ai expulsé de mon cœur, jeté au fond de cette fosse, elle y restera à tout jamais.
Voilà, je vous ai tout dit, enfin presque, maintenant, je remonte parmi vous, je crois que c’est fini, elle ne bouge plus, jetez votre huile bouillante et elle disparaîtra à tout jamais .....
Merci à tous, famille, amis, pour votre aide précieuse.
Je dédie cette Nouvelle
A mon Bel Ange !
Pour tout ce qu’il sait de moi,
Pour certains de mes écrits qui l’ont bouleversé
Pour le rôle multiple qu’il a occupé dans mon cœur.
Avec tous mes remerciements affectueux!
Danielle DARMON
Paris le 3 novembre 2011
L’équipe qui a rayonné autour de moi, Médecins, amis, journalistes a été particulièrement chaleureuse et patiente, d’une grande écoute ; ce fut un échange, un enseignement réciproque qui a fait ce que je suis devenue,
Aujourd’hui ils insistent pour que je raconte mon « Histoire Hors Normes », pour mes Petits-Enfants., disent-ils!
Ecrivez me dit-on, ne vous censurez pas, plus tard ils apprendront qui était leur véritable Grand-Mère.
Confiez ce recueil à une personne de confiance.
Alors j’écris .....
La vie est une fleur, l'amour en est le miel
(Victor Hugo)