Ma 3 ème CURE THERMALE à SAUJON
(Charentes Maritimes)
du 8 au 27 Juillet 2013
Entre mes Rêves et la Réalité
Cette année 2013 a été particulière, Saujon et ses représentants ne l’avaient pas invité, elle s’est imposée, sans avertissement.
J’ai nommé « LA CANICULE », assoiffant les uns, dégoulinant les autres, les déshabillant sans pudeur… excursions impossibles.
Après tout le plaisir de la découverte de Saujon, lors de ma première Cure Thermale, il y eut la joie de vous présenter quelques personnes que j’ai connues au moment des différents soins, vous voilà maintenant familiarisés avec ce Personnel soignant étonnant de l’Etablissement Thermal. La ville et ses habitants chaleureux, quelques commerçants que je n’oublie jamais de saluer tous les ans.
Le petil fournil - La cave Cochin - La poissonerie Roy
Je vous ai également invités à participer à quelques excursions, des rencontres intéressantes lors de mes voyages en train.
Pour ne pas risquer de vous ennuyer en rabâchant les mêmes histoires, je vais essayer de vous parler de Saujon et de ses Thermes, sous un autre angle.
- Les joies d’une location à la Résidence des Thermes
- La coquetterie d’une infirmière
- Conversation avec un Jardinier artiste
- L’Hôtel Restaurant où « tout est bon »
- MIREILLE de SAUJON
- Une pâtisserie promenade
- Une employée d’un magasin de confection qui sert d’une main de la lingerie et de l’autre s’improvise, pour moi, Professeur de téléphone mobile, sous le regard d’un Patron complaisant, bizarre!
- Un kinésithérapeute venu d’ailleurs, Do-in, vous avez dit Do-in ?
- Une rencontre, deux rencontres et bien d’autres…
- Un au-revoir SAUJON, un peu particulier, je rentre à Paris en TGV tranquille, j’ai de quoi écrire, j’achèterai une bouteille d’eau, je ferai peut-être, une rencontre amusante…
La Résidence abrite de beaux studios. Ils sont relativement neufs, spacieux, séjour, lits, grande terrasse, chaises longues, placards, kitchenette, salle de bain avec fenêtre donnant sur un Parc, qui m'interpelle.
Infirmière toujours présente, fidèle à son poste avec toutefois un changement. Pour moi qui ai toujours connu les infirmières vêtues de blanc, à Saujon notre aide-médicale est en rose, rose aux joues, blouse rose, bandeau dans les cheveux rose et rouge, petit éventail, non pas celui de Carmen noir et or, mais probablement celui emprunté à sa petite fille, d’un rose tendre, pour les jours de grosses chaleurs que nous traversons. Elle veille toujours sur notre tension, une grande capacité d’écoute, elle apaise, rassure, conseille, … vous me tiendrez au courant… De nos conversations sous un autre éclairage, est née une amitié qui se prolonge de Saujon à Paris.
Cette année, jours de grande affluence, je ne vois qu’elle dans les couloirs, elle est partout, elle renseigne l’un, l’autre, aide les personnes handicapées etc., une grande dame rose, ça se remarque ! Et puis, pensant que ce n’est pas suffisant, son bureau est recouvert de livres, avec un penchant pour le Philosophe Alexandre Jullien
« Petit traité de l’abandon, le Philosophe nu »… Dès qu’un gros chagrin se pointe, elle prête…
Alors, expliquez-moi pourquoi, le jour de mon arrivée, j’ai pensé immédiatement à Angèle, si sereine, si calme, dans un moment de grand désarroi. Je vous raconte :
Formalités d’usage, on m’attribue le Studio que j’ai réservé, que j’ai visité. Connaissant la difficulté de ravitaillement à Saujon, j’ai pris la précaution de mettre dans mon bagage à main, un paquet de café, filtres, petits gâteaux, de quoi me réconforter après un éprouvant voyage en train.
Je prépare ma cafetière, je branche et là, non je ne la branche pas pour cause d’absence de prise, je fais le tour, je cherche, je recommence, un micro ondes est branché dans une niche, juste à ses mesures. D’autres prises sont installées bien basses, dont une devant la porte d’entrée. Quelque chose me dit que ce n’est pas normal, en plus de la cafetière, il y a un grill pain, une bouilloire qui nécessitent, eux aussi, une prise pour fonctionner…
J’ai visité ce studio, la locataire ne m’avait pas précisé qu’il y avait un souci. Alors, pourquoi à ce moment précis, je pense immédiatement à « la Caméra Invisible » émission à succès, je cherche dans un angle du plafond l’œil de la camera et je vois Angèle devant son écran de contrôle. En principe je suis logique, mais là je commence à perdre mon sang froid, je pense « grosse fatigue », j’installe la cafetière sur le sol, assise en tailleur je la couve du regard et enfin, toujours assise sur le sol, je n’ai même pas l’idée de me lever, je déguste le breuvage brulant tout en surveillant à nouveau le plafond. Si elle regarde, elle doit se tordre de rire. Je me souviens lui avoir écrit pour lui donner mon jour d’arrivée et lui préciser que je n’étais pas très en forme ; « on est là répondit-elle, on est là, on va vous remonter »
Epuisée, je m’allonge et au moment ultime ou je vais m’endormir, je trouve la solution : par soucis de sécurité, les prises escamotables sont commandées par un code, on a oublié de me le donner !!
Heureuse enfin, détendue, je m’endors.
Le lendemain est un dimanche, Administration fermée, j’ai la bonne idée de frapper chez ma voisine, elle vient voir avec son costaud de mari : pas croyable ! Poussez vous ma p’tite dame, me dit le monsieur, il sort le micro ondes de sa niche, le pose à côté et libère ainsi la prise du fond. Le bonheur de voir une prise accessible, vous n’avez pas idée, la vie est si belle parfois, et la dame me dit pour me réconforter : allez venez, je vous emmène en voiture au Super U, vous allez faire vos courses ! Merci Martine.
Et lundi, j’eus le bonheur intense, de trouver, après la cure, une prise multiple, 3 prises…à portée de main, le micro ondes à sa place ; vous en conviendrez , j’ai des joies simples, je réalise qu’Angèle était innocente.
Alors, chaque matin, en passant devant son bureau, j’ai du mal à contenir un rire léger…
LE JARDINIER
J COMME
JARDINIER
COMME JOËL
COMME JOLIS
COMME JARDINS
Joël le jardinier s’affaire sans ménager sa peine, tout est parfait, impeccable, les plates-bandes sont magnifiquement plantées. Emprunter le chemin de la Cure si fleuri, me fait particulièrement plaisir. Chaque année, changement de décor, fleurs nouvelles, compositions très légères, aériennes.
Souvent je croise l’artiste, il a un tuyau d’arrosage plus une petite lancette genre pommeau de douche pour les fleurs délicates.
Bonjour Madame,
Ah vous me connaissez ?
Mais oui, vous êtes la dame du BLOG
Vous l’avez lu ?
Oui c’était très sympa !
Pourquoi ne pas avoir mis un commentaire ?
A l’époque je n’avais pas d’Ordinateur et Mr R. m’a appelé,
venez lire, on parle de vous ;
on a bien ri mais cette année, je vous le promets, j’écrirai !
J’y compte bien, merci, bonne journée !
Je vais le constater rapidement, pour Saujon, je suis la dame du BLOG.
Créé il y a quelques années environ pour y déposer un besoin impératif d’Ecriture, sculptures, aujourd’hui il accueille un trop plein de chagrins, d’amertume, de déceptions ; mais aussi des émerveillements, des espoirs, des découvertes. Il devient un moyen de reconnaissance.
Il me hausse au rôle de Médecin par les futurs curistes qui me rencontrent sur Internet, me permet une complicité affectueuse avec le Personnel Administratif, les Médecins de la cure.
Et bien sûr, Saujon et ses habitants, ses commerçants, le Personnel soignant.
Alors, je m’étonne devant tant de gentillesse, Saujon est-elle une ville particulière sur laquelle la Main du Semeur a lancé une poudre magique qui rend les gens aimables, souriants ! Ou bien Saujon perçoit en ses curistes, ce grand manque affectif si nécessaire à leur équilibre…
Ce matin je rencontre Joël au pied de la montée qui mène aux bureaux des Médecins. Nous papotons où plutôt Joël répond aux questions que je lui pose. Tout à coup je tends l’oreille et j’entends les jolies petites fleurs qui se plaignent :
- Mais c’est Danidar ! Toujours à glaner des renseignements, à copier pour son blog pendant qu’on meurt de soif ; mais enfin, tu ne vas pas nous faire croire qu’à Paris, il n’y a pas de jardin, pas de jardiniers ?
- Mais oui, il y a beaucoup de jardins, mais les jardiniers on ne les voit jamais. Vous réalisez, Joël a travaillé au Parc Georges Brassens, j’y suis presque tous les jours et je ne l’ai pas remarqué, Incroyable !!
- Sans commentaires, marmonnent les fleurs, toi tu ne peux pas comprendre, Joël déjeune très tôt, il lit attentivement, la « Revue des Jardiniers de France », fait sa p’tite gym et il accourt dès qu’il t’entend…
- Oh les fleurs ce n’est pas gentil, vos sœurs de l’année dernière étaient plus aimables !
- Pardon Danidar, mais on a trop chaud, écoute ce qu’on a préparé pour l’anniversaire de Joël, vient nous donner ton avis ;
Et le « Choeur des Fleurs »
Entonne d’une voix douce,
« La Vie en Rose »
Des yeux qui font baisser les nôtres,
Un rire qui se perd sur sa bouche
Voilà le portrait sans retouche,
De l’homme auquel on appartient.
Quand, il nous prend dans ses bras
Qu’il nous parle tout bas,
On voit la vie en Rooose ;
Il nous dit des mots charmants
Des mots de tous les jours,
Ça nous fait quelque chooose …
Il est entré dans n’otre cœur
Une part de bonheur
Dont on connaît la cauuse
C’est lui pour nous
Nous pour lui dans la vie
Il nous l’a dit, l’a juré pour la vie.
Et dès que on l’aperçoit
Alors on sent en nous
Notre cœur de fleur qui bat
La, la, la, la, La…
Je sens le fou-rire me gagner lorsque que j’entends la voix de Joël marmonner, "petites effrontées »
Enfin mon ami ce sont des enfants, les vôtres après tout, soyez indulgent, c’est charmant ce petit chœur !
Je m’accroupis tout près des fleurs et les encourage à répéter encore un peu, pensez au cadeau aussi, si je trouve une idée je viens vous voir, je me sauve c’est l’heure pour moi. Je fais signe à Joël, impossible de travailler ici, nous irons au fond du Parc pour être tranquilles, chut…
Je me sauve et tout à coup, je reviens sur mes pas : mais c’est quand l’anniversaire de Joël ?
Les pétunias se retournent, la verveine d’ornement, les géraniums, les bégonias se regardent, plus brillants que jamais, la feuille de bananier du haut de sa tige, fait mine de chercher en dominant la situation ; vous êtes incroyables, vous répétez sans savoir si c’est pour demain ou dans six mois. Je suis en retard, Anne marie va être contrariée, heureusement que Sabrina va calmer le jeu, « je me suis arrangée, j’ai déréglé les pendules, ce n’est pas sympathique ça » Sacrées fleurs !
Désormais, chaque fois que je passerai devant la plate-bande, je chanterai : j’attendrai, le jour et la nuit, j’attendrai toujours … pour leur faire comprendre qu’elles doivent se renseigner sur la date, discrètement.
LES THERMES
Quand j’arrive devant l’Accueil j’entends, Bonjour Madame Darmon, comment allez-vous ? C’est agréable de comprendre qu’on se souvient de vous, je retrouve Anne-Marie, toujours aimable, fidèle au Poste, Sabrina si jolie, souriante, d’humeur égale. On me donne mon peignoir, ma serviette, mon valet et on va jusqu’à me proposer : donnez-moi votre feuille de soins, je note votre n° de valet. Là c’est génial, plus d’angoisses pour retrouver ses vêtements. Je suis en retard, j’aperçois Frédérique, « un coucou » et je constate, après le Bel Canto, elle est passée à Juliette Gréco : « un petit oiseau, un petit poisson s’aimaient d’amour tendre mais comment s’y prendre, quand on est là-haut…, trop drôle, ou a-t-elle été chercher cette chanson ?
Angèle me fait signe, « sans rancune », et j’arrive devant la Douche n° 4 où règne la douce Céline. Elle est très agréable, répond aux questions, règle le jet à votre convenance. Un jour je lui demande, Céline, pouvez-vous me dire pourquoi, beaucoup de curistes s’adressent à moi, pour les renseigner sur leurs tenues vestimentaires à adopter pour chaque soin ?
- je me mets quoi à la piscine ?
- et pour le bain ?
Franchement elles mettent de la mauvaise volonté.
Oh, mais c’est à moi qu’elles doivent s’adresser et Céline m’explique...
Il est vrai, ces questions sont récurrentes, il est temps que j’y mette bon ordre, une fois pour toute :
Petit tableau comparatif
De la tenue vestimentaire
à adopter pour chaque soin
(Destiné à calmer les angoisses de certains curistes)
- Piscine : maillot 1 ou 2 pièces, couleur à votre choix, sauf le blanc qui devient transparent une fois mouillé, Bonnet obligatoire,
- Douche générale au jet à votre convenance, tout nu où un bas de maillot
- Bain douche sous-marine, ça part dans tous les sens, certaines adoptent la culotte du maillot deux-pièces, d’autres le maillot une pièce, d’autres toutes nues, ce qui fait dire à Frédérique : si vous gardez le maillot, c’est lui qui profitera de la cure, si vous avez envie de payer une cure à votre maillot ? Tant pis ! vous aurez d’autres frais pour le remplacer … (pleine de bon sens cette dame)
- Massage sous l’eau, bas de maillot
- Visite médicale, même tenue que celle que vous adoptez lorsque vous sortez en ville, inutile de porter un sac plein d’ordonnances qui relatent votre histoire, soyez souriante, voire même joyeuse, vous serez surprise de la réaction du Médecin …
Alors Céline, si vous voyez des erreurs, rectifiez SVP, c’est à vous qu’on doit s’adresser.
J’espère que tout ira bien maintenant, et moi je pourrai papoter tranquillement en attendant mon tour.
A ce propos, ce matin, une jeune femme calme, plutôt agréable, vient s’asseoir près de moi, nous échangeons quelques mots et j’aborde la difficulté à se ravitailler sans voiture. Très gentiment elle me propose de partager la sienne, à la fin des soins, pour aller au Super U et … si ça vous tente j’ai l’intention de déjeuner au Restaurant « Le Commerce », on mange dans une terrasse fraîche, fleurie, une cuisine simple, délicieuse et c’est la patronne qui fait les desserts.
La terrasse fleurie, fraîche le repas léger et un mille feuille de « toute folie » ont eu raison de mon hésitation. Courses à toute allure et nous nous installons chez Stéphane et Brigitte qui se sont arrangés pour mettre La Canicule à la porte…Détente, petites confidences, Jeanne est facile à vivre, nous ne nous quitterons plus, excursions, conférences,…
Je repasse au Restaurant pour un entretien avec Stéphane le Patron, les chambres confortables sont rénovées, je visite, l’hôtel est un ancien Relais de Poste des Charentes Maritimes ;
Brigitte est très occupée, réservations des chambres, cuisine, achats, pâtisseries, je n’aurai pas l’occasion de la saluer.
C’est un couple travailleur, courageux et Stéphane me confie « ce qui m’intéresse c’est la convivialité, la relation avec les clients.». Ça se voit lorsqu’il sert, toujours un mot aimable pour chacun. Il vient saluer Jeanne dès que nous arrivons.
Les quelques repas que nous avons pris chez vous furent toujours délicieux, dans une ambiance sympathique, le partenariat avec les Thermes attire les curistes.
Merci Brigitte et Stéphane.
L’après-midi je passe dire bonjour à l’Office de Tourisme et là surprise, aménagement des locaux, peinture fraîche, tout paraît plus grand et comme la documentation est bien rangée, ça donne envie de s’attarder un moment. Bien sûr je connais Christiane et ses collègues, toujours très serviables, elles communiquent leur enthousiasme. Il y a tellement d’allers venus qu’il est impossible d’avoir une conversation…alors, je repasserai.
Puis tout près, la Médiathèque où je travaille quelques heures par jour. Je retrouve Hélène, Christiane, Stépan et les autres.
Cette Médiathèque est décorée avec goût, des thèmes choisis et des accessoires pour enjoliver un pan de Sahara, des chameaux, un verre de thé à la menthe… des livres qui vont avec le thème choisi.
Mais quand je rentre dans cette Maison de la Culture, je passe rapidement pour grimper au 1er étage. Là coup d’œil circulaire, Youpi ! Il est libre, le mien, que voulez-vous on prend vite des habitudes !
C’est là que les problèmes commencent, Christine qui veille au bon fonctionnement des Machines à Sous installées sur les ordinateurs, nous guide : vous vous connectez, puis vous vous déconnectez, vous écrivez votre mail, vous vous reconnectez, vous envoyez votre mail et là horreur, notre mail disparaît, une page de réflexions perdue dans les méandres d’Internet. J’appelle au secours, on cherche et je m’entends dire, si vous aviez fait un « copié/collé de votre page » vous l’auriez retrouvé ? Respiration, je reprends, je cherche à comprendre et croyez-moi, chaque mail envoyé a eu son double. Tout est simple à Saujon …
Merci Christine pour votre grande disponibilité, vous êtes le Secours Souriant de la Médiathèque et je suis ravie de comprendre, votre Bourse s’arrondit tranquillement dès que je m’installe devant l’ordinateur n° 10
Les jours se ressemblent, cure, repas, petite sieste, sorties. La Canicule est toujours là, à nous empoisonner la vie.
Un matin, à la piscine, je me sens prise de compassion pour :
MIREILLE de la PISCINE
Comme tous les soignants, elle a un vocabulaire très répétitif et je me dis, mais comment fait-elle pour dire, toutes les matinées, les mêmes mots, sans se lasser. Question d’habitude me dit-on !
Voici ce qui se dit : Mireille a des listings de curistes, heures précises. Dans la salle d’attente, elle égrène les noms du 9h 32 (non, ce n’est pas un train, c’est le prochain groupe qui va sauter dans l’eau (par chance Jeanne et moi sommes ensemble).
A cet instant s’engage une course de vitesse, on retire le peignoir, lourd, immense, 20 cm de trop dans chaque bras, on l’accroche, la serviette, le sac de cure. Tout dégringole, on recommence, Vite, vite, on passe sous la douche et plouf dans la Piscine, Mireille annonce avec son grand sérieux :
« Vous n’êtes pas dans une Piscine Olympique ».
Chacune s’installe entre des jets vigoureux, enfin les premières arrivées, on appelle Mireille à la rescousse, ça ne marche pas, je ne sens rien et le vocabulaire répétitif reprend, puis, CHANGER, les personnes n’ayant pas eues de Jets prennent la place des premières. Puis, C‘EST FINI !
Moi qui baigne dans l’eau, je suis bien placée pour regarder Mireille, elle nous couve du regard. Elle se sent responsable de ses curistes, une noyade est si vite arrivée ! Tout près de la Piscine, la salle de massages de François jolie, claire.
François, quand il n’a pas de curistes programmés pour un soin, calme, d’un pas tranquille, se rend chez sa voisine Mireille pour la prier de bavarder un peu. Que se disent-ils ? Là est la question ? J’ai beau essayé de lire sur les lèvres… -la dernière anecdote de Saujon- ou bien -il paraît qu’on va être augmentés- ou bien -il ne va pas s’arrêter de faire le joli cœur auprès des dames qui veulent se détendre- (là, il s’agissait d’un Monsieur insupportable qui papillonnait, s’esclaffait devant sa Cour).
François connaît pas mal de monde, forcément beaucoup de curistes passent entre ses mains expertes et il fait un tout petit signe de tête imperceptible à l’une ou l’autre nageuse. Je suis du genre à agiter la main, « coucou, comment va » mais j’entends dans ma tête une petite voix stop, sois discrète, ça ne se fait pas ! Voilà comment on retire toute spontanéité aux gens simples…et je ne dis rien.
Tout ça pour vous dire que ce matin, une dame arrive à petits pas pressés et clame « je suis en retard » (of course, on l’aurait deviné) court vers les escaliers menant à la piscine ; Mireille se lève d’un trait et sur un ton sans réplique, ET LE BONNET !! La dame stoppée net fait un demi-tour et retourne au vestiaire, à petits pas pressés. Je regarde Mireille qui ne badine pas avec l’hygiène et quand enfin la curiste rentre dans l’eau, je ne peux pas m’empêcher de lui dire « faites attention, au prochain oubli, vous serez notée en rouge, Mireille est intraitable ; alors la dame me répond, mais vous croyez que ma seule préoccupation c’est le bonnet ? Et d’abord pourquoi Mireille ne vient pas dans la piscine ? (Quel rapport ?)
En sortant de l’eau, histoire de pimenter la matinée, je m’approche de Mireille et j’affirme :
- il y a un problème avec la Piscine
- les yeux de Mireille rétrécissent d’inquiétude, c’est quoi ?
- je n’ai jamais vu une piscine qui accueille tant de monde, sans Maitre Nageur ?
- fractions de secondes et Mireille réplique, le Maitre Nageur c’est pour l’après-midi (à l’Espace Philae on accueille curistes ou non pour des cours de gym, massages, sauna, hammam, soins de beauté, un régal quoi).
- Quoi, mais c’est incroyable alors les curistes du matin peuvent se noyer, mais les touristes de l’après-midi nagent en toute sécurité !
- Non, non, on ne se noie pas le matin. Mireille est sûre de son affirmation, alors je réplique pourtant, aujourd’hui, par exemple, vous l’avez trop rempli, elle déborde et Mireille conclue, normal c’est une piscine à débordement (je ne vais pas avoir le dernier mot, je le sens, François s’est éclipsé).
Alors, au-revoir Mireille, je voulais simplement vous changer un peu de votre routine. J’ai peur qu’un jour, à la maison, au moment de vous coucher, emportée par l’habitude, vous dites « CHANGER » et vous citez des noms choisis de l’’une ou l’autre liste, j’en ai entendu de pas mal cette année, je ne peux les citer sous peine d’exclusion à vie de Saujon.
J’adore ces petites réflexions qui sortent du cadre des mots imposés. Vous pourriez, Mireille, faire un relevé de ces noms particuliers, charmants, coquets ou coquins qui riment très bien avec Changer.
Mireille, j’ai bien senti votre inquiétude, « je m’attends au pire sur ce que vous allez écrire », alors tant que vous ne rédigerez pas un mot pour me dire « j’ai lu, je vous pardonne », moi je ne dormirai plus, je ferai des cauchemars de dames sans bonnet qui se noient sous les regards impassibles de Mireille et François.
Mais par contre, si vous entendez des baigneurs qui insistent pour être dans votre piscine, « tant pis si on se noie », le succès grandissant, votre réputation de « Mère Poule de Curistes » traversera les Charentes Maritimes. Je me charge d’en faire la publicité.
Mireille vous m'êtes très sympathique, je vous offre cette Barque, quand les curistes quitteront les lieux, mettez là au milieu de la piscine, appelez Angèle et à tour de rôle, ramer tranquillement jusqu'à que je vous dise , CHANGER !
Une Pâtisserie promenade
Je les appelle ainsi ces nouvelles Pâtisseries, des anciennes transformées grâce au savoir-faire d’un Architecte gourmand. Elles sont à peu près toutes sur le même modèle, celles de Saujon ou celles de Paris.
Cet après-midi là, je me balade rue Carnot, je suffoque tant il fait chaud. Je vois la pâtisserie Dourlhes, bizarre je ne reconnais pas la devanture, je pousse la porte, un air frais me saisis. Et là, commence la promenade. Malins ces décorateurs qui vous font avancer doucement, distraits par une exposition de petits gâteaux colorés, vous hésitez, vous reculez, forcément ils vous font saliver. Si vous deviez simplement vous déplacer que pour les voir, vous seriez conquis.
A force d’avancer vous arrivez à la caisse, vous commandez un thé et pourquoi pas, une petite pâtisserie à la fraise pour le lieu, pour la fraicheur et après seulement pour la dégustation.
Je m’assois à une jolie table, autre surprise, 3 minuscules sabliers sur un support, de couleur pastel, qui nous permettent de choisir ainsi la force du thé, infusion très légère, moyenne, ou forte, je retourne celui désiré.
Vraiment je crois que je ne sors pas assez, je n’avais jamais rien vu d’aussi mignon !
Je n’ai pas pu rencontrer le Patron, trop occupé, dommage !
Monsieur, vos gâteaux m’ont fait penser à une autre Pâtisserie de mon quartier, confrontée dans sa vie quotidienne à de petits soucis, à des joies ; j’ai fait parler les gâteaux et leur Pâtissier dans une Nouvelle comme si j’étais à votre place.
Dans les commentaires, Le Pâtissier Laurent Duchêne, Meilleur Ouvrier de France, a mis un avis qui pourrait éventuellement, vous intéresser.
Vous trouverez ci-dessous le lien du texte :
Sur Google, taper danidar un grand pâtissier s’est installé dans mon quartier
Une employée d’un magasin de confection
En face de la Pâtisserie, le grand magasin SERMO, genre Caverne d’Ali Baba. On y trouve beaucoup de marchandise de toutes sortes, un grand assortiment de pantalons, tee shirts, lingerie etc.
Un patron, 2 jeunes filles pour servir.
A cet instant j’ai des difficultés avec mon téléphone mobile, tout neuf.
La jeune Mélissamdre aperçoit mon téléphone et s’écrie, Oh ! Je connais bien ce téléphone ! Mon sang ne fait qu’un tour, ne bougez pas ! Comme si elle allait s’envoler. Elle s’approprie l’appareil, range ma page d’accueil, met de l’ordre dans mes contacts en les saluant au passage. Pour mon grand bonheur elle me montre des astuces…
Mais voilà, je ne suis pas très à mon aise, des clients entrent et sortent, je crains que le Patron ne se fâche et sermonne son employée qui néglige son travail. Je le regarde et curieusement, il a un grand sourire, je dirai presque qu’il plane, c’est lui et l’autre demoiselle qui servent.
Alors là, je n’ai jamais vu ça, un patron heureux lorsque son employée ne travaille pas ! Je règle mon petit achat et le monsieur me dit regardez, dans mon tiroir, votre carte est toujours là, on a tous lu votre Blog, c’est quand le prochain compte-rendu ?
Etonnement, je remercie, « je passerai demain vous apporter une p’tite Spécialité »
C’est le lendemain que je vais avoir l’explication. Je pousse la porte du magasin et c’est tout juste si Mélissamdre ne me saute pas au cou. « C’est fait, elle est arrivée!
- Une nouvelle voiture ?
- Non la petite fille de M... il est parti à la clinique et son père est là pour le remplacer !
Waouh ! C’est génial, félicitations au grand père, qui m’explique j’ai tenu ce magasin pendant … années et maintenant c’est mon fils qui a pris le relais. Son visage rayonne, c’est un grand-père heureux, c’est évident.
Les provinciaux sont incroyables, moi, l’étrangère, je me trouve propulsée au sein de cette famille chaleureuse et leur joie devient la mienne. Ainsi donc, hier, le futur papa participait, par la pensée, à l’accouchement de son épouse, son employée, mon téléphone et moi étions devenus transparents.
Longue vie à la petite demoiselle et à sa famille
Maintenant, je n’oublierai plus le magasin SERMO.
FRANÇOIS
Et la Médecine Chinoise
François, Kinésithérapeute, diplômé d’Etat, se consacre à des études diverses de Médecine Chinoise, le Shiatsu, le Do-in. Basé à l’Etablissement Thermal de Saujon, le matin, il soigne les curistes, massages sous une eau fine, l’après-midi des soins plus approfondis à la carte, Espace Philae.
Les curistes avancent des noms, commentent « j’ai fait l’expérience du massage Shiatsu, 1h d’un massage qui fait circuler l’énergie… En général ils sont contents des soins.
J’ai envie de tenter l’expérience, je m’inscris. A Jeanne, je dis je te donnerai mes impressions et tu en feras peut-être l’expérience.
Le massage fut très relaxant, profond et pour une fois je n’ai pas dis un mot pour ne pas rompre le charme de la technique chinoise, savamment importé en France, par le savoir faire de François venu d’ailleurs.
Dans la soirée, j’envoie un SMS à Jeanne :
« Message Divin ».
Retour du courrier elle répond
« Mais de quel message il s’agit, raconte STP »,
« je m’aperçois de ma bévue et je rectifie
« Shiatsu, Massage divin ».
Le lendemain j’apprends qu’elle s’est inscrite pour ce message ou ce massage ; elle n’a pas perdu de temps et c’est à mon tour de lui dire « tu me donneras tes impressions, n’est-ce pas ? (J’attends toujours).
En ce qui concerne les masseurs, lors de l’attente des soins, des noms circulent, on parle de l’un ou de l’autre, essayez celle-ci ou plutôt celui-là, pour d'autres on a l'impression qu'elle ont trouvé la perle rare. Je ne vous dirai pas les adjectifs que j’ai entendus, mais l’observation la plus savoureuse, qui me fait encore rire, c’est un Médecin qui me la dite, en baissant la voix. J’aime bien quand un médecin, emporté par la confidence, la complète d’une conclusion qu’il scelle par une poignée de main. Au revoir !
Cher Docteur D., j’ai emporté dans mes bagages, vos observations, nous aurons peut-être une explication de texte.
C’est toujours au moment de l’attente, que je retrouve l’une ou l’autre curiste, connues les années précédentes : Sylvie d’Arques, charmante, toujours souriante ; Lise de Nîmes qui m’a tout de suite reconnue ; la toute jeune Amandine, que de soucis pour de frêles épaules ; Evelyne, courageuse, si jeune avec qui je voyagerai au retour, Jeanne bien évidemment, cette grand mère si formidable qui accompagne son petit fils…Marie-Jeanne si délicate sur ses courriers, Isabelle et tant d’autres encore…
Si vous mettiez un commentaire sur le BLOG, je vous mémoriserai plus facilement.
(c'est simple, à la fin du texte, sur la fênetre commentaire, vous écrivez vos impressions et vous publiez)
On pourrait, un jour, organiser un repas des anciens,
au Restaurant du « Commerce »
Quelle publicité pour Saujon !!
Ils arrivèrent épuisés
Ils repartirent requinqués
Que serions-nous sans toi, SAUJON !
Des soins, un regard, des encouragements..
« Vous y arriverez, vous avez tous les atouts
Pour tenir à distance
Ceux qui n’ont pas d’intelligence ».
Le jeune François est un Calme, Hyperactif.
Ce Kinésithérapeute venu d’ailleurs, après avoir étudié pour obtenir son diplôme, est parti en Chine, il a appris à dire Bonjour, à nouer un kimono, à boire du thé avec le cérémonial qui s’impose, à dire au-revoir.
Puis nostalgique de son pays natal, se forme au Do-in. et rentre enfin à la Maison Saujon.
Il constate qu’en son absence les gens sont devenus tristes, ils souffrent, ont des douleurs, ils sont anxieux, ils pleurent. Alors, son grand cœur s’émeut, ça suffit nous dit-il un seul remède :
Do-In, je vous dis Do-In !!
Méthode d’auto-massage venue d’Orient
J’ai écrit un livre clair, précis, mode d’emploi, vous allez vous soigner seuls, comme des grands.
Réunions d’informations, dédicaces et la semaine prochaine, exercices pratiques ;
Vous me regardez, vous écoutez, vous essayez de trouver les bons points. Munis de mon enseignement, vous serez rapidement en voie de guérison, vous atteindrez enfin la sérénité.
Evidemment François, nous avons essayé, ça paraît simple lorsqu’on vous regarde, votre photo à chaque page à l’air de dire, allez faites comme moi vous y arriverez, si je peux, vous pouvez ;
ok, on vous le promet, on vous tient au courant...
Je suis toujours et encore, intriguée par cette ville de Saujon, elle est très simple, une seule rue commerçante, quelques boutiques. Sa promenade le long de la Seudre, ses roses Trémières …
Je suis habituée à Paris, aux Grands magasins, ses musées, ses transports, les jardins, la Seine…
La dimension de Saujon n’est pas comparable et pourtant je m’y sens bien, la simplicité des habitants que j’ai connus me touche, j’ai tissé des liens avec les uns et les autres naturellement, sans me forcer.
A la première cure, en 2011, je peux comprendre cet engouement, j’étais si désespérée, déçue devant l’incompréhensible rejet, que Saujon est devenue ma Ville-Refuge, je m’y suis mise à l’abri des « coups et blessures »
La seconde cure, en 2012, j’étais plus à l’aise à Saujon, j’avais compris qu’on peut profiter sans vergogne de certaines situations douloureuses, Saujon compensait le manque affectif, elle devenait familière, amusante, me permettait de consacrer du temps à mettre de l’ordre dans mes idées. Avec l’aide des unes, avec celle des autres j’ai découvert la générosité, l’honnêteté, un regard bienveillant ; ce petit bonheur a gonflé, Saujon lui réussit, je fais de la place dans ma valise pour l’emporter.
A cette dernière cure, en 2013, je prends des décisions, je raye des noms, (même pas admis à redoubler), Saujon devient Professeur, je retourne à l’école, je consolide les adjectifs qui me font du bien, je commence enfin à vivre, heureuse.
On pourrait penser que j’ai trouvé des réponses au « pourquoi cet amour pour Saujon ? », en partie Oui, mais,
C’est, lors de cette troisième cure, celle-ci, que je vais finir par émettre une hypothèse, qui pourrait être la bonne.
L’instant est grave !
Moi qui questionne sans cesse, on me signale un livre
L’ETABLISSEMENT THERMAL de SAUJON
Une histoire d’eau et de famille
Par Brigitte Godlewski Dubois
1860 – 2010
Directrice des Thermes & Cliniques de Saujon
Je termine ma cure bientôt, je feuillette en vitesse le livre et le confie à une secrétaire pour essayer d’avoir une dédicace. Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer un membre de la famille Dubois. Après mon dernier soin, dernière visite médicale. Au bureau des Médecins on me dit, Mme Dubois va vous le remettre, elle aimerait vous rencontrer (génial) et enfin, pour la première fois, je rencontre « une Dubois ».
Pas n’importe laquelle, sympathique et chaleureuse, d’emblée le courant passe entre nous. De la Tarte aux Pommes à l’Etablissement Thermal, elle m’écrit, très gentiment, la dédicace ci-dessous :
A Danielle DARMON qui découvrira sans doute à la lecture de ce livre, quelques anecdotes sur cette belle histoire de famille, et sur la naissance du Thermalisme à Saujon ….il y a plus de 150 ans.
Avec mes tous mes remerciements et mon admiration pour votre « célèbre BLOG » qui ravit tous ceux qui le lisent.
Bien sincèrement - 27 Juillet 2013
Très sympathique personne, aussi bavarde que moi : « j’ai lu votre BLOG, vous écrivez bien, j’ai découvert des endroits que je ne connaissais pas…
J’ai écrit ce livre rapidement pour la Cérémonie des 150 ans, soyez indulgente ! (Mme Dubois, c’est de l’humour, je pense, votre livre est délicat dans sa présentation, sincère dans son histoire, les photos, l’Histoire prennent toute leur intérêt quand on fait une Cure dans ces lieux et, qualité que j’apprécie beaucoup : l’Humour.
Faire partie d’une « Vraie Grande Famille » qui a tant de valeur, vous avez de la chance. Ce livre est aussi émouvant, un jour peut être, nous en parlerons plus longuement.
Aujourd’hui, avec le recul, l’attirance pour Saujon n’expliquant pas tout, je pense :
« Et si j’étais l’enfant cachée de la Famille Dubois ? »
AU REVOIR SAUJON
Je file à la gare, presque déserte et j’aperçois une curiste, Evelyne. Elle est très jeune, et j’ai eu l’occasion de bavarder un peu avec elle, lors de l’attente du massage. son petit garçon l’accompagne, je suis ravie de voyager avec eux.
Je connais ce trajet, Saujon/Niort, changement, sur le même quai en face, puis Niort/Paris.
Sur le quai, de la petite gare de Saujon, le train a du retard, la foule grossit. Le petit Nicolas s’impatiente, je lui offre un crayon, il dessine très joliment.
Enfin le train est là, il est déjà bondé, nous partons. A NIORT, pas de train pour Paris, une foule qui grossit, on s’assoit sur un banc de pierre, des trains passent, aucune annonce ; Evelyne va aux nouvelles «Train retardé pour cause d’encombrement du trafic ».
Pour l’instant, ça va à peu près, on parle de choses et d’autres. Sur le banc Nicolas s’applique et une jeune femme vient s’asseoir près de nous. Elle part donner des cours de Gi Kong dans un Centre de bien-être à Royan et tout à coup, insouciante, elle se lève et commence sa démonstration, gestes lents, derrière nous la foule se bouscule, elle continue impassible. Ce qui va me contrarier c’est qu’elle va me parler d’un sujet qui d’emblée m’attire. Je sors mon bloc pour prendre des notes, la foule devient impressionnante, la dame continue sa démonstration ; j’ai à peine le temps d'écrire …
On annonce « Le train pour PARIS, entre en gare », c’est le rush, pas question de chercher sa voiture, au bord du quai la foule se presse, il faut monter à tout prix. J’ai eu juste le temps de tendre ma carte de visite.
Le train s’arrête, hasard, devant moi les voitures des Premières, je monte, train complet, j’avance dans le couloir, rien, tout le monde est debout, je reviens sur mes pas et miracle, une charmante dame me dit, je vais prendre ma petite fille sur les genoux et asseyez vous. Enfin je suis casée, pas de climatisation, il fait très chaud.
A partir de ce moment c’est chacun pour soi, les gens se couchent dans le couloir, sur le sol au milieu des bagages. Le spectacle est consternant, pas de contrôleur, pas d’annonces. Alors assise face à face avec cette jeune grand-mère et sa petite fille adorable poupée, je vais rentrer dans une bulle. Cette enfant est gentille, sage, somnole de temps en temps, regarde par la fenêtre. Le temps passe, c’est un ballet incessant de personnes qui vont et viennent, enjambent les corps. J’ai perdu Evelyne en montant dans le train et je décide d’aller jusqu’au bout du couloir, elle est peut-être dans l’autre wagon.
Lorsque j’ouvre la porte coulissante, je crois rêver. C’est un wagon Bar, pas en service mais climatisé.
Cet Espace est complétement investi par des jeunes, casque aux oreilles, tous allongés sur le sol, ils écoutent béatement une musique d’ado, ce qui se passe de l’autre côté ne les concerne pas. L’un d’entre eux s’est allongé sur le comptoir, ça fait une drôle d’impression. Evelyne n’est pas là, je commence à avoir des crampes, elle était très chargée…
Je suis dans un film de science fiction.
Je reviens à ma place, le train a du retard, la petite fille, sage très sage, écoute une histoire, elle est jolie comme un cœur et à 20 mn de notre arrivée, elle regarde par la fenêtre, elle force son bras contre la vitre et se met à pleurer « je veux descendre, descendre, en hurlant ; on est surpris, on interroge, pour toute réponse on n’obtient que « je veux sortir, je veux descendre en hurlant. De grosses larmes coulent sur ses joues, on est consternées.
La grand-mère propose les toilettes, non, un gâteau, toujours non mais enfin pourquoi veux-tu descendre, dit la mamie et la petite fille, tout en sanglotant répond en hoquetant, "j’ai vu là, un mignon petit jardin, je veux aller dans ce jardin, je l’ai vu trop mignon" Soulagées on la console non sans retenir un rire et à tour de rôle nous lui proposons les plus beaux jardins de Paris, mais ce qui lui plaisait c’était la dimension à sa taille de ce mignon petit jardin. Et moi, sans réfléchir, je propose : connais-tu le jardin du Luxembourg et je décris les voiliers, les canards, les statues, la mamie prend le relais et sort de son chapeau « un jardin extraordinaire ». Je constate que les larmes disparaissent doucement et cette merveilleuse enfant se retourne face à la vitre, elle va faire d’instinct, ce que je fais lorsque le chagrin est trop lourd, elle fixe un point du paysage et fait renaître son magnifique petit jardin. Sur le reflet de la vitre, le jardin défile avec elle.
Enfant, tu seras une fillette délicate, ce jardin sera le tien, assise sur un joli banc, tu liras, à ta grand-mère, des histoires de trains fantastiques.
Ce retour fut agité, mais je garde en mémoire cette enfant délicieuse. Pourquoi, au milieu de la tourmente, n’ai-je pas pensé à donner ma carte de visite ?
La vie est un bien perdu
pour celui qui ne l’a pas vécu
comme il l’aurait voulu (David Schomberg)