LA GRAND-MERE et l'enfant
Dis grand-mère que fais-tu ? Pourquoi poses tu sur la table de la cuisine le sucre, la farine, le rouleau à pâtisserie… mais que fais-tu ?
- C’est pour préparer une fête ma chérie
- Ah, il va avoir une fête chez toi ?
- C’est une surprise, je t’expliquerai tout à l’heure,
Tu veux venir m’aider, nous ferons les gâteaux que tu aimes bien, les miroirs avec un trou au milieu et de la confiture au centre,
- Oui ! j’adore, je veux bien t’aider,
- Nous ferons aussi des petites galettes en forme d’animaux,
- Moi j’adore les lapins !
- Grand mère c’est quoi cette fête ?
- Vas chercher ta petite chaise sous l’escalier et viens la mettre près de ma berceuse,
- Pourquoi nous sommes seules toutes les deux, où sont papa, maman et mes sœurs ? Ne t’inquiète pas ils avaient des courses à faire, c’est moi qui ai demandé que tu restes ici avec moi pour m’aider,
- Ah c’est une bonne idée tu sais, il ne faut le dire à personne, c’est un secret, je voudrais me marier avec toi, moi je t’aime beaucoup !
- Oh ! viens m’embrasser, quelle gentille petite fille que j’adore, tu ne crains pas que je sois un petit peu vieille pour toi ?
- Mais non, tu te trompes, au café lorsque papa m’a acheté une limonade, j’ai entendu dire que les vieilles sont meilleures que les jeunes, alors tu vois ?
- Bon nous en reparlerons, allons voir le four, Hum ! ça sent bon !
- Hum, hum, ça sent bon !
- Dispose les gâteaux sur les plats en dentelle, regarde comme c’est joli, avec le vase de fleurs.
- Oui grand-mère, tu es une fée !
- Je veux m’installer dans tes bras et te raconter notre mariage,
- J’aurai grand plaisir à t’écouter
- Mais dis moi grand-mère où est « ton temps », tu parles toujours de lui et je ne le connais pas, on pourrait l’inviter au mariage ?
- Ça ce n’est pas possible, il habite très très loin, il y a longtemps que je ne l’ai pas vu, maintenant il vit sur un nuage,
- On pourrait lui envoyer des dragées du mariage
- Pourquoi pas ?
- Bon alors, maintenant grand-mère il faut penser à la robe, j’ai bien réfléchi on doit avoir la même robe, la plus belle du monde
- Je suis d’accord avec toi,
- Il faut aussi deux petits bouquets ronds pour tenir à la main,
- Tu as raison, mon cœur, ce sera très joli !
- On doit répéter une danse pour ouvrir le bal, je connais une belle musique que j’ai dans la tête,
- Mais tu es une fillette très savante, voyons ta danse, je te regarde
- Non, viens grand-mère, je te serre dans mes bras, et on danse ensemble
« Voulez-vous danser grand-mère, voulez-vous danser grand-père, tout comme au bon vieux temps, quand vous aviez vingt ans »…
- Bravo, j’avais complètement oublié cette chanson, on va nous applaudir et tous les invités viendront nous embrasser…
- A force de s’amuser, elles se fatiguent et s’endorment, l’enfant serrée entre les bras de l’aïeule, chacune tenant son petit bouquet contre elle.
- A l’aube l’enfant dort toujours profondément et tient encore son bouquet serré contre sa poitrine ;
- La grand-mère, son visage figé, a laissé tomber un bras le long de la berceuse, son bouquet a roulé sur le sol. Si elle avait ouvert les yeux, elle aurait compris que ce nouveau jour lui appartenait, qu'elle venait d’avoir 100 ans…
- La porte d’entrée grince, deux bras soulèvent l’enfant qui réclame dans son sommeil : ça commence quand la fête grand-mère ? Sa maman la serre contre elle, des larmes coulent sur ses joues…
Danielle DARMON