LITTERATURE
Si tu pars avant moi, pour le très long voyage,
En souvenir de toi,
J’irai te visiter les mains vides, un petit caillou dans ma poche. Mais je ne mettrai pas sur ta sépulture, comme l’a fait Victor Hugo,
un bouquet de houx vert et de bruyère en fleurs (Demain dès l’aube).
J’aurai bien rangé dans ma mémoire des vers de poésies que je te réciterai à voix basse. Mais j’y pense soudain, tu m’as dis un jour, je ne suis pas réceptif, hermétique à cette musique.
Sur un coin de la pierre, j’irai m’asseoir tranquille, essayant d’oublier nos querelles enfantines, implorant ton pardon pour ces fautes que je n’ai pas commises.
Je te dirai « écoute, ne te fâche pas, s’il te plaît, si tu n’aimes pas mes poésies, j’irai porter mes mots, pour soulager mes maux, vers ceux qui les apprécieront ».
Tu n’as jamais aimé que je sois triste, ou chagrinée, tu t’es quelquefois fâché mais tu me complimentes souvent pour les courriers que je t’adresse, ils sont si souriants, parfumés aux lambeaux de jardins, fleurs éparpillées.
Toi qui ne m’as pas écouté lorsque je te disais, en vain, profite des beautés de la nature, vis à ton rythme, toi tout près de moi ; sûrement, Lamartine, assis au bord du lac, aurait su te convaincre :
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans le nuit éternelle, emportés sans retour,
Ne pourrons nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour.
Ronsard également a abordé ce thème : profitez de la vie pendant qu'il en est encore temps ;
Alors, en sa mémoire je te chuchoterai :
Mignonne allons voir si la rose.....
...Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Tu me laisseras seule, orpheline de toi, je suis si bien à tes côtés, si joyeuse pendant quelques années à faire des projets, à apprendre et comprendre ce qu’est le bonheur ; tu as tout essayé pour me redonner le goût de vivre, tu m’as dit oublie, regarde devant toi, ne te retourne pas.
T’en souviens-tu, je t’ai proposé, marchant au bord de l’eau, lisons ensemble
L’Invitation au voyage de Baudelaire
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir,
Au pays qui te ressemble ! ....
Là tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté.
Mais, si c’est moi qui part la première,
En souvenir de moi,
Et si tu le veux bien, dépose une fleur dans un joli vase près de toi. Cet ornement te rappellera quel plaisir je prenais à t’écrire des Nouvelles particulières, qui te plaisaient beaucoup, mais tu n’en disais mot, ta pudeur excessive t’obligeant au silence. Moi je le sais bien, au bout de tant d’années, tu as tout conservé.
Ta personnalité authentique je l’ai découverte tardivement, passant d’une personne qui s’intéresse à tout, à un refus total de tout.
Aujourd’hui, je m’interroge, après avoir engager une rébellion sévère, se peut-t-il que ton comportement ait servi de prétexte pour m’éloigner de toi, essayer de me détacher d’un sentiment trop fort.
Si c’est le cas, je te dirai sans émoi, sans colère, tu t'es trompé, tu n’as pas réussi à faire aboutir ton projet insensé ; tu aurais du comprendre, ce n’était pas si difficile, que toi et moi c’était la même respiration.
Que feras-tu sans moi ? Il me semble que débarrassé de ma présence, tu marcheras heureux, cœur léger, baisers envolés à jamais. Tu regarderas ton écran, bouquets abandonnés, fleurs fanées.
Et peut être, comme moi tu viendras
T’asseoir sur le coin de la pierre et tu me chanteras, de ta voix si profonde, ce poème d’Aragon, ami de Jean Ferrat, l’époux d’Elsa.
Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux.
Mais vois-tu le plus merveilleux des souhaits, le vœu que je formule tous les jours est que nous partions ensemble pour l’éternité, que nous quittions la médiocrité pour un ailleurs meilleur. Je suis sure que ta seule présence à mes côtés me permettra une renaissance dans la beauté et la sérénité.
Paris le 4 mai 2011 (Happy Birthday Jojo)
Danielle DARMON
Un petit clin d’œil au seul candidat du Bac Français, que j’aime très fort.
Tu as étudié beaucoup de textes, es-tu prêt maintenant ?....
Alors, je voudrais te dire, loin des textes imposés, imprègne-toi de ceux que tu aimes,
adopte-les, la poésie est une autre sorte de richesse.